Star Wars Destiny
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 L'aube d'une nouvelle Vie...

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MessageSujet: L'aube d'une nouvelle Vie...   L'aube d'une nouvelle Vie... Icon_minitimeJeu 21 Aoû - 11:19

La Galaxie était vaste, très vaste. L'opinion la plus répandue affirmait qu'elle n'avait aucune limite ; d'autres préféraient croire qu'il y avait une fin à cette immensité spatiale, mettant en avant des thèses fantaisistes. Si on schématisait celle-ci, on pouvait distinguer clairement plusieurs zones dans les coins connus, le reste appartenant encore à des territoires encore inexplorés. Le Noyau et le Noyau Profond ceinturaient l'immense boule de lumière qu'était le centre de l'Univers. A partir de là, il était possible de délimiter plusieurs espaces : les Bordures Interne et Externe, l'Espace Sauvage, et les Colonies. Si l'on regardait cette dernière partie d'un peu plus près, une petite sphère du nom de Commenor suivait une trajectoire identique depuis des millions d'années autour de son Soleil. Sa couleur orangée, parsemée de bleu, se détachait parfaitement sur le noir de l'espace profond. Autour de la planète gravitaient à leur tour deux planétoïdes de petite taille.
Si l'on se rapprochait d'avantage, on apercevait Munto, un vaste métropole. D'immenses immeubles pointaient vers le ciel, semblant vouloir percer les nuages. Autour de ces pics artificiels s'étendaient sur plusieurs kilomètres de vastes quartiers habitables, alternant habitations et entreprises locales. Encore plus loin, se trouvaient les banlieues malfamées, où régnaient crimes et corruption.
Un peu détaché de ce rassemblement d'architectures différentes, une grosse usine laissait s'échapper de longues trainées de fumée vers les cieux. La manufacture était cernée par des rues interminables, jonchées de maisons toutes identiques.


C'est dans l'une de ces maisons comme les autres, bâties par la compagnie pour loger ses employés, que la famille Denauher vivait. Ils formaient un ménage identiques à tous les autres, tout ce qu'il y avait de plus commun : un homme marié à une femme, ayant trois enfants dont deux filles, et un fils : Kaax.
Âgé de dix-sept ans, le jeune humain était allongé sur son lit. Dehors, il faisait totalement noir, la fenêtre entrouverte laissait circuler un filet d'air frais qui venait caresser son visage. La faible lueur des lampadaires de la rue n'éclairait que très faiblement la chambre de l'adolescent, ce qui engendrait un éclairage plutôt rassurant. Denauher se fit remarquer que c'était tout ce qu'il fallait. Vivant la totalité de son temps libre dans ce qu'il appelait son "sanctuaire", il n'avait plus besoin de lumière pour s'y retrouver. Il connaissait la pièce par cœur dans les moindres détails. Chaque objet, chaque défaut du mur ou du plancher, il n'ignorait rien. Ce soir là, il n'avait pas dîné. Ce n'était pas la première fois. Ses parents ne relevaient même plus ces absences aux repas, de toute façon, les remarques qu'ils pouvaient faire ne changeaient rien à la situation. Menaces, punissions, rien n'y faisait. Leur fils échappait de plus en plus à leur contrôle.


Kaax avait séché les cours de l'après-midi. Pourquoi ? Il ne le savait pas vraiment. Il le voulait, c'est tout. Il en avait besoin. Il s'était éclipsé à pieds vers la forêt dense qui entourait Munto, et avait passé plusieurs heure de solitude en contact avec la Nature. Cela l'avait profondément apaisé, sa haine et sa colère avaient disparues. Il était rentré le soir, plus de deux heure après l'heure fixée par ses parents. Ils n'avaient, une fois de plus, rien dit. Sans un mot ni même un regard pour les membres de sa famille, Kaax était monté directement et discrètement dans sa chambre, son sanctuaire. Il faisait encore jour, et il prit soin de fermer les volets pour se plonger dans une obscurité totale. Devinant la présence de son ordinateur dans les ténèbres, il n'eut même pas envie d'y toucher. Il était pourtant considéré comme cyber-dépendent par le médecin de famille, à qui sa mère avait parlé des relations de son fils avec son ordinateur. D'ordinaire, cet appareil de technologie et ces longs moments de solitude étaient les seules choses qui plaisaient encore à Kaax. Pourtant, il n'avait pas envie d'y toucher, pas même de l'allumer pour voir un instant son image préférée qu'il avait mis en fond d'écran. N'importe qui qui connaissait le fils Denauher, même de loin, aurait pus affirmer que quelque chose clochait ce soir là.


Il se jeta sur son lit, allongé et immobile, il y resta longtemps sans rien faire. La nuit finit par tomber, et il pus se relever pour réouvrir les volets et la fenêtre. La chaleur étouffante de la journée s'était dérobée au profit de l'air frais. Depuis des heures, des mois plutôt, Denauher ruminait de sombres pensées. Il ne pouvait rien y faire. Il n'avait pas voulu ça. Mais c'était arrivé, et cela le rongeait maintenant.
Sans un mot, sans un soupir, il s'assit sur son lit. Après avoir contemplé l'obscurité pendant de longues minutes, il glissa lentement sa main vers le dessous de la couche. Ses doigts se refermèrent sur un cylindre dont le métal était froid. Il ramena l'objet sur ses genoux. D'un geste sûr, il retira l'étui de la lame du couteau et le jeta à côté de lui. La faible lueur des lampadaire du dehors faisait scintiller la partie tranchante, que Kaax prenait grand soin d'aiguiser régulièrement. Le filet tranchant était parallèle à une série de crans pointus. Par endroit, la lame ne brillait pas, elle était sombre. Il s'agissait de traces de sang. Sans plus y réfléchir, Denauher fit glisser le couteau vers son avant bras. Il y enfonça la pointe, perçant la peau sur quelques millimètres. A force, il ne sentait même plus la douleur, au contraire. Il ramena la lame vers lui d'un geste vif, déchirant la chair. Une sensation de bien-être l'envahis immédiatement. Il oublia tout : ses tourments, ses rêves et ses cauchemars... Tout. Il se sentait bien. Il était en extase. Il reproduit l'opération plusieurs fois. Lorsqu'il se décida d'arrêter, sans raison, il posa délicatement le couteau dont la lame atteignait les vingt centimètres sur son étui. Le sang chaud s'écoulait sur son membre. La bouche du jeune homme était entrouverte, ses yeux étaient vides. Il était satisfait. Lorsque l'odeur du liquide rouge parvint à ses narines, son bonheur ne fut qu'accroître. Il passa ses plaies sanguinolentes sous son nez, et lécha le sang. Son goût était parfait. Il épongea le liquide avec la paume de sa main, avant de passer celle-ci sur son visage, pour en tartiner le sang.
Malheureusement, cette sensation d'extase ne dura que très peu de temps, et les pensées sombres affluèrent de nouveau par vagues, replongeant Kaax dans son cauchemar. Vite, il fallait trouver une solution. Son bras vola jusqu'à la table de nuit, ouvrit un tiroir si vite que cela en fut presque inhumain, et attrapa un bouteille en verre. Maladroitement, confus, il en dévissa le bouchon et répandit le liquide sur ses plaies. L'alcool désinfectant lui arracha une douleur immonde lorsqu'il entra au contact de ses couches de chair tailladées à vif. Peu importait, plus il avait mal, moins il souffrait. Une larme, une seule, se forma au coin de ses yeux et coula timidement vers son nez, avant d'être absorbée ses lèvres pincées, résultat de sa mâchoire serrée. Ce n'était pas une larme dû à la douleur, oh que non... Pas à la douleur physique du moins. Le désinfectant avait coulé le long de son avant-bras et formait maintenant une flaque à ses pieds.


Denauher finit par reposer tout ces objet de torture, qui lui permettaient pourtant de surmonter le quotidien difficile. Il se rallongea sur le lit, et passa sa main droite sur son avant-bras fraichement mutilé. Il écarta les plaie béantes avec ses doigts, pour lécher le sang qui s'en écoulerait encore. Il sentit d'autres cicatrices, fermées depuis longtemps, qui attestaient de nombreux mois de pratique. Kaax soupira. Sa vie avait été bouleversée depuis quelques temps. Le passé l'avait rattrapé. Quelque chose de terrible que Denauher avait oublié... Avait voulu oublié. Mais contrairement à ses espérances, les fantômes du passé finissent toujors par vous rattraper. Nulle sépulture n'est assez profonde pour les enfouir indéfiniment. Quoi qu'il arrive, ces sombres souvenirs remontent toujours à la surface... Un jour. Tôt ou tard. Pour le jeune homme, cela avait était très tôt. Dix ans après le drame, celui-ci venait le hanter. A l'époque, il n'avait pas trouvé cela si terrible que ça. Mais lorsque tout avait ressurgit, cela avait pris des proportions énormes, cela avait tout anéanti en lui : bonheur, espoir, joie... Tout. La seule chose qui lui restait était son esprit, pour penser, ruminer, souffrir. Kaax ne pouvait plus vivre avec tout cela, à chaque seconde de sa vie. Il ne pouvait en parler, oh que non, surtout pas. Ce serait sans doute encore plus terrible si quelqu'un le découvrait.


C'est ainsi que depuis plusieurs mois, qui lui avaient semblé une éternité, Denauher souffrait. Il avait profondément changé. Avant joyeux et aimable, aujourd'hui sombre et asocial. Avant studieux, aujourd'hui négligé dans tout ce qu'il entreprenait. Plus rien d'extérieur ne l'atteignait : ni l'enfer que devenait la vie familiale à cause de son comportement, ni la souffrance des gens ou la mort, ni ses résultats scolaires qui avaient chuté en flèche... Kaax n'avait plus d'amis, il se moquait tellement de leur sort qu'ils avaient finis par le quitter peu à peu. Et ce n'était pas pour lui en déplaire : il avait horreur des contacts avec les êtres vivants. Il était devenu cynique, ignorait les tentatives de soutien de ses parents, ignorait leur autorité. Le jeune homme s'était réfugié près de son ordinateur. Il vivait avec lui, nuits et jours. Il s'était pris de passion pour la solitude, et s'accordait de longs moment rien qu'à lui dans les bois, près des cascades. Se faire souffrir pour ne plus souffrir... Voilà la solution qu'il avait trouvé. Solution qui fut en réalité très minime.
Ces tourments avaient eu un effet très positif, oh que oui : ils avaient permis à Denauher de se rendre compte que son existence était pitoyable... et bien pire encore. Tout ce qu'il avait entrepris, tout ce qui avait de l'importance du moins, il n'y avait pas réussis. Et il fut sans doutes probable que ce serait la même chose pour ce qu'il entreprendrait dans le futur... S'il y avait un futur. Kaax songeait souvent à aller plus loin lorsqu'il se mutilait. Trancher la veine qui ferait la différence. Mettre fin à ses souffrances pour toujours. Il en avait envie, mais pour une raison inconnue, il ne pouvait pas. Il n'était pas encore prêt.


Mais cette fois, Kaax Denauher était décidé. Il ferait souffrir ses parents et ses sœurs, c'était certains, mais depuis le temps qu'il souffrait, il pouvait se permettre de penser un peu à lui, à son bonheur. De toute manière, il était décidé, et rien ne pourrait l'en empêcher. Il se leva d'un coup et s'approcha de son bureau avec de grandes foulées. Quelle heure était-il ? Un regard furtif vers son réveil digital : 02 : 27. Déjà.
Kaax ramassa un sac à dos noir. Il l'ouvrit et le retourna pour en vider le contenu sur le sol. Il s'agissait de ses affaires scolaires. Toujours dans l'obscurité de sa chambre, fouilla dans ses affaires. Il en sortit sa console portable, large comme deux mains. Il la fourra dans son sac. Il y avait copié son disque dur entier, avec tous ses logiciels, tous ses documents. Il vida un placard de son contenu : de la nourriture militaire, de petites rations compactes énergétiques. Une seule par jour suffisait à être en pleine forme et à fonctionner à 100 % de ses capacités physiques et psychologiques. Kaax les avait acheté dans un surplus militaire du centre-ville. Il rajouta dans son sac d'autres choses : des objets personnels auxquelles il accordait beaucoup de valeur, ainsi que toutes ses économies. Il avait pris soin de vider, quelques jours auparavant, le compte sur lequel ses parents avaient placé de quoi finir ses études. Lorsqu'il jugea qu'il avait pris tout ce qu'il lui fallait, il déposa le sac et attrapa une pile de vêtements : ses préférés. Il se déshabilla pour enfiler cette tenue. Il enfila un pantalon noir, légèrement serré, mais pas trop, d'un tissu résistant et souple. Son tee-shirt classique trouva sa place dans ce tableau : noir, simple, sans motifs. Il passa son talisman en argent autour du cou, puis chaussa ses bottes en cuir noir, qui lui remontaient jusqu'en dessous des genoux. Il se leva enfin, et passa sa robe noire. Son vêtement préféré. Assez large, mais pas trop, tout ce qu'il fallait pour qu'il soit confortable et pour qu'il offre une sensation de sécurité. La robe couvrait ses pieds, les manches étaient larges, et lorsque la capuche était rabattue, son visage n'était plus visible. Seulement une masse obscure, sans fin. Il l'avait acheté dans une boutique occulte ; le vendeur lui avait affirmé que ce genre de robe étaient utilisées autrefois par les prêtres Sith pendant les cérémonies. Denauher passa ses gants noirs à ses mains, puis enfila des bracelets en cuir noir qui couvraient une bonne partie de ses avants bras. Il attrapa son poignard, qu'il avait déposé sur la table de nuit. Il le colla contre son visage, et la froideur de la lame lui fit du bien. Le sang n'était pas encore tout à fait sec par endroit. Il le rangea enfin dans une poche aménagée spécialement dans sa manche droite. Il attrapa son sac et l'attacha à sa ceinture, sous sa robe. La bosse n'était pas visible sous les plis du vêtement ample.


Puis, lorsqu'il était prêt, Denauher se dirigea vers la porte de sa chambre. Il l'ouvrit sans qu'elle ne fasse de bruit. Le couloir était plongé dans les ténèbres, mais Denauher connaissait cette maison dans les moindres détails, il n'avait pas besoin de lumière pour se mouvoir discrètement. En effet, Kaax avait la faculté de se déplacer sans faire de bruit. Il parvenait à progresser sur les lattes craquantes du parquet sans les faire grincer. Alors que lorsque ses sœurs ou ses parents descendaient pour aller aux toilettes, le bruit qu'ils faisaient réveillait toute la famille. L'adolescent arriva donc au rez-de-chaussé sans faire le moindre bruit. Il en fut de même lorsqu'il ouvrit et referma définitivement la porte d'entrée. Il eut une dernière pensée pour ses parents. Ces êtres braves qu'il avait ait souffrir sans le vouloir, dévoués à leurs enfants, à leur fils qu'ils n'avaient pus aider, se tuant chaque jour dans cette immense usine pour parvenir à offrir un minimum de confort à leur famille.
Denauher progressa le long de l'allée du jardin, puis arriva sur le trottoir. Il eut un dernier regard vers la maison qui l'avait hébergé pendant ces 17 années. Il détourna le yeux, et rabattit sa capuche sur sa tête. Ainsi vêtus, il ressemblait à une créature de l'au-delà, comme celles que l'on voit dans les romans. Un être vengeur habillé d'un linceul noir... Les quartiers alentours étaient exclusivement peuplés des employés de l'usine, c'était un endroit calme, sans histoires autres que des rixes entre voisins.


Denauher marcha dans l'obscurité de la nuit. Dans cette pénombre, les deux lunes de Commenor brillant dans le ciel, il se sentait en sécurité. C'était son élément. Là, il était bien. Il avait presque tout ce qu'il lui fallait.
Non, il ne regretterait pas son départ...
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MessageSujet: Re: L'aube d'une nouvelle Vie...   L'aube d'une nouvelle Vie... Icon_minitimeLun 1 Sep - 18:53

La fraîcheur de la nuit contrastait avec la chaleur accablante de la journée. Le centre-ville de Munto ne ralentissait pas ses activités avec la tombée du jour. En revanche, les quartiers résidentiels où vivait la famille Denauher étaient totalement déserts à cette heure limite entre très tard et très tôt. Le ciel n'était plus d'un noir d'encre, la lueur des deux lunes était soutenue par celle du soleil qui ne tarderait plus à se lever.
Kaax Denauher marchait depuis quelques heures, progressant de rues en rues d'un pas rapide et assuré. Il fallait qu'il soit arrivé avant l'aube. Avant que l'on s'aperçoive qu'il avait quitté le nid familial. Depuis son départ, tellement de pensées se bousculaient dans la tête de l'adolescent, qu'il avait préféré ne plus penser du tout. Facile à dire. Il s'était donc accordé une petite demie-heure de méditation, pour faire le vide dans son esprit. Il avait appris la méthode sur un cyber-site, et cela n'avait pas été facile à mettre en œuvre au début ; mais avec la pratique, ces séances de méditation étaient fructueuses. Pour ce faire, il s'était arrêté dans un jardin municipal, et s'était installé près d'une fontaine, entre deux gros arbres entourés de fourrés. Invisible aux yeux des autres, le clapotement de l'eau le détendait. Quelques humains visiblement drogués, d'autres saoules, étaient passé près de Kaax sans le voir, plongés dans leur délire. Lorsque le jeune homme eut réussis à vider son esprit, il repris sa route, en accélérant le pas pour compenser le retard accumulé.


Libéré de toute pensée positive comme négative, c'est une heure à peine avant le levé du soleil qu'il parvint à la sortie de la ville. Souhaitant passer inaperçu, il avait emprunté de petites rues désertes, ce qui l'avait obligé à faire un détour. Il connaissait cependant bien ce chemin. C'est ici qu'il se rendait lorsqu'il voulait s'isoler. A peine cinq-cents mètres après la sortie de Munto, il arriva en lisière d'un forêt, cette forêt où il avait passé des heures entière qui, accumulées, devaient sans doute former des semaines. Ces bois, Denauher les avait exploré de fond en comble depuis son plus jeune âge. Autrement dit, il en connaissait une bonne partie sur le bout des doigts. Il s'enfonça ainsi dans la Nature pendant de nombreuses heures, sans ralentir, sans réfléchir. Bientôt, les rayons matinaux ne filtraient plus à travers les cimes de la forêt qui se faisait de plus en plus dense, de plus en plus sauvage.
pendant de longs moments, lorsqu'il venait passer ses journées entières en ces lieux, il avait tenté de chasser. Il avait appris tout seul à pister le gibier, à se déplacer sans faire de bruit, sans laisser de traces de son passage, à traquer la bête pendant plusieurs heures, à devenir furtif, à ne faire qu'un avec son environnements. Une fois, il avait réussis à attraper une bête sauvage, un gros herbivore qui pouvait devenir très agressif s'il se sentait attaqué. Kaax s'était fondu dans la végétation et avait attendu l'opportunité. Il s'était jeté sur la créature, poignard en avant ; la lame s'était enfoncé dans la chair de l'animal, mais avait cassé sous le choc. Denauher n'avait pas eut d'autre choix que de se réfugier très rapidement dans un arbre pour se protéger de la fureur noire de l'animal, qui mit des heures à se décider d'arrêter d'essayer de grimper au tronc. Il se fit remarquer que ces talents, acquis avec l'expérience, lui seraient utiles dans son entreprise.


Au jugé, Denauher admis qu'il ne devait pas être loin de seize heure lorsqu'un bruit puissant et proche se fit entendre. Il en avait l'habitude, et reconnut immédiatement le bruit de la cascade qui déversait des tonnes d'eau, qui elles-mêmes formaient une petite rivière. S'il se rapprochait d'avantage, il n'entendrait plus rien de l'environnement, et préféra ne pas courir le risque : c'était la période de reproduction des animaux, et particulièrement des prédateurs, qui devenaient très agressifs pour un rien. S'il devait affronter une créature en rut, Denauher préférait l'entendre approcher plutôt que d'être pris par surprise. Car en cette saison, les hôpitaux de Munto grouillaient de chasseurs imprudents qui avaient, au péril de leur vie, tenté de traquer les plus féroces des prédateurs. Pour les plus chanceux, seulement quelques membres avaient été arrachés. Le taux de mortalité connaissait une légère hausse en période de chasse...
C'est donc pour cela que Denauher préféra emprunter un léger détour, afin de jouir au maximum de ses capacités auditives. Mais lorsqu'il y réfléchissait bien, il devait se rapprocher de la cascade. C'était par là l'endroit idéal qu'il avait repéré pour s'installer. Certes, il était risqué de s'aventurer par là, car le rayon d'action de ses oreilles serait largement réduit à cause du grondement de l'eau, mais aussi car de nombreux animaux étaient attirés par le cours d'eau, où ils pouvaient se désaltérer... Carnivores comme herbivores. Mais continuer à progresser dans la forêt était encore plus risqué. La nuit tomberait vite, très vite, et les prédateurs allaient se mettre à chasser. L'abris sûr le plus proche était près de la cascade. Denauher connaissait bien les lieux, c'était un de ses endroits favoris. Il se résigna donc à s'approcher de la cascade, malgré les risques encourus.


Les hautes et épaisses branches filtraient la lumière. La forêt était très dense, si bien qu'il y faisait très sombre. Le sol était jonché de feuilles desséchées qui faisaient un horrible bruit de craquement lorsqu'on marchait dessus. Le vent sifflait au somment des arbres, on aurait pus le confondre avec le long gémissement plaintif d'une créature blessée. Ombre mouvante, Denauher progressait toujours aussi rapidement. Il essayait de limiter le bruit des feuilles sous ses pieds, mais c'était impossible. Il n'aimait pas cela du tout. Cela faisait trop de bruit, ce qui révélait sa position. Il était inquiet. N'importe qui, ou n'importe quoi, qui se trouverait dans les alentours, aurait su qu'il était là, et aurait aisément deviné où il allait, malgré le grondement de l'eau. Il tenta de se rassurer, mais lorsqu'une branche craqua derrière lui, à sa gauche, tout sentiment de sécurité fut chassé. Il scruta longuement l'horizon tout autour de lui. Le grondement de la cascade d'eau était tellement assourdissant qu'il ne faisait aucun doute que cette branche avait craqué très près de lui, pour qu'il l'entende aussi nettement. Ses yeux se baladèrent partout, plus que légèrement paniqués. Si c'était quelqu'un ou quelque chose qui avait marché par mégarde sur le bois mort, il n'aurait pas eu de mal à se cacher rapidement : la forêt était tellement dense que les troncs empêchaient de voir à plus de cinq mètres.
De longues minutes d'observation. Denauher se résigna à continuer son chemin, non sans jeter de réguliers coups d'œil derrière lui, et en prenant soin de ne pas suivre une trajectoire trop prévisible : il slalomait un maximum entre les bouquets d'arbre, et si cela le ralentissait, tant pis. La main dans sa manche droite agrippa le couteau, tout en le laissait dissimulé par le tissu. Il avait la désagréable sensation d'être observé. Une véritable psychose germa dans son esprit, il imaginait le pire, et accéléra le pas. Il ignorait cependant que ce bruit n'avait été causé que par un petit animal inoffensif qui cherchait de quoi manger près des racines d'un arbre centenaire. Rien ni personne ne l'avait pris en chasse, mais l'esprit humain, lorsque le contexte était adéquat, avait tendance à créer de toute pièce un délire dans lequel on plongeait sans pouvoir manquer de se noyer.


Un petit quart d'heure plus tard, Denauher arriva enfin à proximité de la cascade, toujours pas très rassuré. La forêt était tout à coup moins dense. Les hauts arbres aux troncs larges avaient cédé la place à de petits arbustes dont les plus grands atteignaient les trois mètres. De larges fougères et fourrés masquaient le sol. Le ciel était visible ici, et la lumière rouge orangée ne laissait aucun doute quand au fait que le crépuscule venait de se lever. La cascade était là, juste en face de Kaax. Haute de près de six mètres, un trou béant au sommet de la roche laissait couler un énorme filet d'eau. Celui-ci s'abattait dans une profonde mare, dans un grondement intense, laissant s'envoler de la poussière d'eau et formant de l'écume. Le courant entraînait ensuite l'eau dans le lit d'une rivière, qui se perdait entre les branches d'une petite clairière. Ce spectacle naturel, mis côte-à-côte avec avec la lumière tamisée du soleil couchant, était tout simplement innommable, magnifique. Mais Denauher n'avait pas le temps de rester là, d'autant plus qu'il devait être traqué par un prédateur, même s'il n'avait plus entendu de bruit depuis... Et alors ? Un prédateur, cela ne s'appelait pas prédateur pour rien, non ? Un cours instant, Denauher eut le sentiment que le plus dangereux des prédateurs dans cette partie de la forêt, cela devait être lui-même. Ridicule, c'était le seul coin où les animaux pouvaient se désaltérer à des kilomètres à la ronde, alors il devait y avoir une variété immense de bestioles en tout genre, inoffensives ou non. Un frisson parcouru sa colonne vertébrale.
Il s'approcha de l'amas de roche qui servait de base à la cascade, et entrepris de l'escalader. Il savait où poser ses pieds, où agripper la roche, car ce n'était pas la première fois qu'il répétait l'opération. En équilibre précaire au dessus d'un bassin duquel dépassaient des pics rocheux assez pointus pour le transpercer en cas de chute, Kaax se rapprocha de la chute d'eau. C'est là qu'il l'aperçut. C'était une fente étroite, à moitié recouverte par les trombes d'eau cristalline. En quelques mouvements, Denauher y arriva. Le bruit était assourdissant. Il y passa ses deux jambes, puis une main. Son corps rentrait à peine par la petite ouverture. En rentrant un peu le ventre, il parvint à l'intérieur. Bien que ce ne fut pas la première fois qu'il empruntait cette entrée naturelle et un peu risquée, il manqua de justesse de tomber pour aller s'empaler sur les pics rocheux.


L'intérieur de la grotte était sombre et humide. Les parois et le plafond gouttaient. On y voyait rien à vingt centimètres, et Denauher n'avait aucun point de repère, pas même une lampe torche pour s'éclairer. Il se maudit pour ne pas avoir pensé à en prendre une. Le jeune homme avança donc prudemment. Les seuls points positifs étaient que la roche étouffait le bruit de la cascade, et que personne ne pouvait pénétrer ici sans se faire remarquer... Un abris de fortune qui offrirait suffisamment de sécurité pour la nuit, en somme. Le peu de lumière extérieure qui passait à travers l'entrée de la grotte se fit évanescent : la nuit tombait. Il faisait froid, le vent glacial des bois s'engouffrait dans l'abri de Denauher. Celui-ci était épuisé par cette longue journée de marche en pleine nature sauvage, si bien qu'il se coucha à même le sol. Recroquevillé contre une parois pour se réchauffer un peu, il tapota son sac-à-dos qu'il venait de sortir de sous sa robe. Il le plaça sous sa tête et ajusta les objets à l'intérieur pour se façonner un oreiller de fortune. Il s'affaissa bientôt dans les ténèbres, rabattant sa capuche.
Ses démons revinrent le hanter encore. Il serra les poings, enfonçant ses ongles dans ses paumes. Une véritable torture psychique. Il eut une dernière pensée pour sa famille, qui devait être totalement paniquée à cette heure ci. Peut-être aurait-il dû leur laisser un mot avant de partir. Malgré toutes les questions qui se bousculaient dans sa tête, le froid intense et le bruit du vent, Denauher ne pus résister à la fatigue physique et psychologique qui s'accumulait depuis tant de semaines. Il sombra dans un sommeil profond, sommeil assombris par de nombreux cauchemars. Inerte contre la roche, protégé par la nature, Kaax était entièrement recouvert par sa robe, aucun centimètre carré de sa peau n'était à nu. Dehors, les éléments commençaient à se déchaîner. Une fine pluie tomba, annonciatrice de tempête : la saison chaude tirait à sa fin, et la saison des cyclones approchait à grands pas.
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